L’image internationale de la Russie en 2025

Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, la perception de la Russie dans le monde reste profondément marquée par le conflit. Trois ans plus tard, à mi-2025, les enquêtes internationales confirment une image toujours largement négative, mais qui se nuance selon les régions, les générations et les orientations politiques. Cette analyse propose un état des lieux de ces perceptions, leurs dynamiques récentes et les implications politiques et diplomatiques qui en découlent.

Une image toujours dégradée dans le monde occidental

Trois ans après le déclenchement de la guerre, la perception de la Russie reste extrêmement défavorable dans la plupart des démocraties occidentales. Selon le Pew Research Center (2025), une médiane de 79 % des personnes interrogées dans 25 pays déclarent une opinion défavorable de la Russie, tandis que 84 % n’ont que peu ou pas du tout confiance dans Vladimir Poutine.

Aux États-Unis, l’hostilité reste forte : 85 % des adultes ont une opinion négative de la Russie, et seulement 13 % la voient favorablement. La confiance envers Poutine demeure très faible (12 %). Toutefois, un léger infléchissement se dessine : la proportion d’Américains qualifiant la Russie d’« ennemie » est passée de 61 % à 50 % entre 2024 et 2025, signe d’un certain relâchement des tensions symboliques.

En Europe, les opinions défavorables atteignent des sommets. En Suède, en Pologne, aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Espagne, la majorité exprime une défiance quasi absolue envers Moscou. Cette hostilité est étroitement liée à la proximité géographique du conflit, aux implications sécuritaires et à la perception d’une menace directe. Un sondage du European Council on Foreign Relations (relayé par The Guardian) montre qu’une nette majorité de citoyens européens — en particulier en Pologne et au Danemark — soutient la hausse des dépenses militaires pour contrer la menace russe.

Des opinions plus nuancées dans le Sud global

À l’opposé du rejet occidental, plusieurs régions du monde entretiennent une image plus nuancée — voire favorable — de la Russie. Ces divergences reflètent à la fois des héritages historiques, des positionnements stratégiques et la capacité de Moscou à activer son soft power dans certaines zones.

En Amérique latine, les opinions sont plus partagées. Au Mexique ou au Brésil, les réponses se répartissent entre positions favorables, défavorables et indécises. La distance géopolitique, la diversité des médias locaux et la perception du conflit comme « non prioritaire » contribuent à ce relatif équilibre.

En Asie, les contrastes sont particulièrement frappants. En Indonésie, environ 64 % des sondés déclarent une opinion favorable à la Russie, selon le Pew Research Center. En Inde, les résultats sont plus équilibrés, mais demeurent parmi les plus positifs du monde non occidental. Ces perceptions s’expliquent par des relations historiques (coopération militaire et énergétique), une défiance vis-à-vis de l’Occident et une couverture médiatique souvent moins critique de Moscou.

En Afrique, l’opinion varie fortement selon les pays. Au Nigeria, les positions sont partagées, tandis qu’en Afrique du Sud ou au Kenya, de nombreux citoyens se montrent indécis. La Russie bénéficie dans certaines régions de son discours anti-impérialiste et de ses liens diplomatiques anciens, notamment hérités de la période soviétique.

Au Moyen-Orient, la situation est plus tranchée. En Israël, environ 82 % des sondés ont une opinion négative de la Russie. Les positions officielles restent pragmatiques, mais la population exprime majoritairement une méfiance liée aux liens entre Moscou et Téhéran.

Dans l’ensemble du Sud global, la Russie tire parti de ses efforts diplomatiques : participation à des forums alternatifs, contrats énergétiques, coopération dans la sécurité ou les infrastructures, mais aussi influence informationnelle via des médias comme RT ou Sputnik. Ces instruments, couplés à une rhétorique de souveraineté nationale, nourrissent des perceptions parfois favorables dans des pays critiques de l’ordre international dominé par l’Occident.

Une réputation en mutation : signaux faibles et implications

Même si l’image de la Russie demeure globalement dégradée, certaines tendances indiquent des évolutions partielles depuis 2022. Les données disponibles montrent davantage une stabilité qu’un basculement, mais aussi quelques zones d’amélioration relative.

Ainsi, des hausses modestes d’opinions favorables apparaissent en Grèce, en Italie, en Hongrie et en Turquie — des pays où les gouvernements ou certains partis nationalistes adoptent une rhétorique plus conciliante envers Moscou.

L’âge et l’idéologie politique jouent également un rôle clé. Les jeunes adultes (18-34 ans) tendent à exprimer des opinions moins négatives, parfois par distance avec les récits médiatiques dominants ou par désintérêt relatif pour la géopolitique. À l’inverse, les générations plus âgées, plus exposées aux cycles médiatiques liés à la guerre froide ou à l’invasion de 2022, demeurent beaucoup plus critiques. Les électeurs de droite populiste, en Europe comme aux États-Unis, sont aussi plus enclins à adopter un ton moins hostile envers la Russie.

Ces nuances ne modifient pas le paysage général, mais elles indiquent que la perception de Moscou se fragmente selon les appartenances culturelles et politiques.

D’un point de vue géopolitique, cette image ternie limite la capacité d’influence internationale de la Russie. Son isolement dans les fora multilatéraux reste marqué, et la défiance freine ses partenariats économiques hors du cercle de ses alliés. Néanmoins, les poches de soutien du Sud global et l’ancrage de récits anti-occidentaux offrent à Moscou une marge d’action diplomatique qui contredit partiellement son isolement apparent.

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